Défi Ultra GR20 en Corse - Parrainage pour la Mucoviscidose

17/06/2022 05:30

 DÉFI GR20 EN CORSE (180 KM EN 6 JOURS - 15000m d+) pour l'Association Vaincre la Mucoviscidose 

 

 

Étape 1 : Calenzana - Ascu Stagnu (29,5 km prévu 22,5 km) pour 3032 m d+

Le départ est donné à 5h30 de la Fontaine de St Antoine située à 275 m d’altitude. Dès les premiers kilomètres se dresse devant moi un sentier terreux et parsemé de gros rochers. Ce chemin me mène à la Fontaine d’Ortiventi à 550 m d’altitude, ce sera la seule source potable que j‘ai croîsé, mes seuls points d’eau seront les 2 refuges intermédiaires. Au km 7, je loupe le GR, et je m’engage sur un sentier non balisé. Je m’en aperçois rapidement, je fais demi-tour. Je continue mon parcours pour franchir une crête et pénétrer dans la forêt domaniale de Boca di U Ravalente. Petit à petit je vais passer à l’Est pour arriver au premier refuge d’Ortu di U Piobbu où malheureusement je me rends compte que j’ai perdu mes lunettes de soleil. Au km 19, je suis des traileurs qui se trompent, et je les suis. Erreur corrigée au bout d’une centaine de mètres. Au refuge de Carrozzu, je fais ma pause déjeuner. Déjà 22 km, et j’avais prévu d’arriver à Asco Stagnu. Mon tracé n’est pas bon, je pars donc dans l’inconnu du kilométrage. Il fait déjà très chaud, les gens du refuge n’ont jamais ressenti au temps cette chaleur à cet endroit. La montée est très difficile, le pourcentage devmente est incroyable et je souffre de la chaleur. Je finis cette 1ère étape en 9h30. Demain au vu du climat l’étape va être sûrement très difficile. Passage à Bocca Borda à 2140 m d’altitude et sur un sentier d’éboulis.

 

Étape 2 : Ascu Stagnu - Ciottulu di i Mori (19,5 km prévu 15 km) pour 2045 m d+

Cette étape devait être plus longue, mais un souci est survenu sur le parcours.

Départ d’Ascu Stagnu à 5h15, traversée de la forêt en direction sur le cirque de Tribulaccio, il fait à peine jour. Un petit pont en bois me permet de traverser le Tighjettu et je découvre les premières plaques de granites des flancs du Monte Cinto. Par la suite, j’ai contourné le Lac Argentu, encore un raidillon et voilà la difficulté du jour, la pointe des Eboulis, appelée aussi Bocca Crucetta à plus de 2600 m d’altitude. Comme son nom l’indique, c’est une montée ardue avec un sol instable. J’ai le sentiment de ne pas avancer et c’est très épuisant. La chaleur est accablante. Tout au long de la descente, je suis le ruisseau de Crucetta jusqu’au refuge de Tighjettu. J’avais envisagé de déjeuner à cet endroit mais il est encore trop tôt le refuge n’est pas ouvert. Après la bergerie de Ballone, traversée d'une petite forêt, ouf, un peu d’ombre. Puis, passage dans le vallon de Focce Chialla avec une montée raide et impressionnante, traversée de barres rocheuses et de blocs de rhyolite. Le soleil frappe de plus en plus fort pour atteindre le col de Bocca di Fuciale à plus de 1960 m. J’ai longé le versant sud de Paglia Orba. C’est magnifique. Au sommet du Capu Tafunata, j’ai pu observer l’œil du diable. J’ai très soif, j’entends les sources de Golo au loin.

Je décide de m’arrêter sur un ruisseau qui longe ce single. Je remplis mes flasques (bidons) d’eau et sur un mauvais appui, mon pied glisse sur un rocher et je me tord la cheville droite. La douleur est insupportable ! Je suis dégoûté, je me fais une entorse sans courir ou marcher juste en manquant de concentration sur une situation anodine. Je reprends mon chemin en boitant et je prends conscience que je ne pourrais pas aller au bout de l’étape que je m’étais fixé. Je devais arriver à Pietra Piana soit 45 km. Je verrais au jour le jour si je peux accélérer pour atteindre mon objectif de 5 jours.

Heureux d’être arrivé en souffrant énormément au refuge de Ciottulu di i Mori après une étape de 20 km. Un peu de repos va me faire le plus grand bien, en espérant que ma cheville me permette de continuer mon défi. L’inquiétude m’envahit mais je vais serrer des dents !

 

Étape 3 : Ciottulu di i Mori - Pietra Piana (30 km prévu 38 km) pour 1720 m d+

Cette étape était à l’origine de 45 km entre Asco-Stagnu et Pietra Piana.

Départ du refuge de Ciottulu di i Mori à 4h45, je suis réveillé depuis 4h. Plus je pars tôt, plus il fait frais mais il fait encore nuit donc il faut être vigilant aux marquages de ce terrible GR.

La descente se fait sur un chemin de terre jusqu’au niveau du torrent du Golo. Il semblerait d’après les randonneurs croisés qu’il s’agit du sentier de la transhumance. Après une nouvelle traversée d'un petit pont de bois, un petit peu de forêt pour être au frais. Sur l'étape du jour, je découvre les ruines de la bergerie de Tulla et celle Radule qui est en inactivité. De nouveau la forêt donc de la fraîcheur, c’est assez roulant, et même avec l’entorse je décide de courir, pas spécialement raisonnable mais en serrant des dents, je m’y autorise. Arrivé à 1760 m d’altitude, j’atteins le grand Lac de Nino. Je profite pour faire une petite pause en regardant un magnifique lac avec des chevaux sauvages qui galopent dans les pozzines. Je repars en courant et je marche dans une grosse bouse de vache du pied droit, ma basket est recouverte d’excréments. Signe de malchance ! De nouveau un ancien refuge en ruine, j’enchaine avec la traversée du Tavignano. A travers une forêt de vieux hêtres, j’arrive au refuge de Manganu. Il faut encore monter la brèche de Capitello, super vue sur la Restonica et ses lacs. En plus de l’entorse, je souffre de 2 grosses ampoules sous les 2 pieds. Chaque appui est douloureux. Et maintenant, la dernière barre rocheuse de la journée à traverser, dans une glissade, j’y ai laissé un de mes bâtons en carbone et ma cheville est de plus en plus grosse et elle me fait vraiment souffrir. Le parcours dans cette barre rocheuse est très technique, voir vertigineux. Des chaînes sont disposées sur les parois de montagne pour descendre. Sur ce secteur, je croise une jeune femme seule avec un gros sac, je décide de l’attendre pour l’aider à franchir ce passage délicat. Je continue mon parcours en souffrant terriblement et je vais partager ce moment de fin de parcours avec Aurélie. Pour moi, ça me permettait de discuter tout en essayant de ne pas penser à mon entorse. Mentalement je suis touchée ! Heureusement, le refuge de Petra Piana n’est pas très loin mais suffisamment pour en avoir très marre ! Il se situe au pied du Monte Rotondo. J’avais rêvé de mettre de la glace sur ma cheville...mais dans un refuge on n’est pas à la maison. En arrivant, je regarde les dégâts de l’inflammation, elle n’est vraiment pas belle ! Je redoute le prochain parcours entre Pietra Piana et Capannelle. A ce refuge de Pietra Piana, 2 chevaux s’invitent à nos tentes pour essayer de manger quelques gâteaux.

 

Étape 4 : Pietra Piana - E Capannelle (34 km) pour 2490 m d+

Départ à 4h50 de Pietra Piana, direction le refuge d’Onda par le sentier des Crêtes, déconseillé par grand vent. Et comme par hasard, le vent s’est levé. Je décide toutefois de prendre cet itinéraire bis, qui permet de réduire un peu la distance. Les premiers pas sont difficiles, mon entorse, mes ampoules et maintenant mon genou gauche (j’ai dû compenser pour soulager mes appuis de la cheville opposée) me font terriblement mal. J’ai bien strappé ma cheville droite. Malgré tout je vais dès que possible courir sur les sessions un peu plus roulantes. La foulée n’est pas très académique et aérienne, mais bon…. Depuis Bocca di Manganellu, j’enchaine sur la première arête à plus de 1900 m d’altitude. Il vaut mieux pas avoir le vertige. Le vent est assez fort sur les crêtes. Malgré mes 2 tee-shirts, j’ai froid mais pas le courage de sortir mon coupe-vent de mon sac. J’attends que le soleil pointe son nez. Des passages difficiles où je suis obligé de monter à quatre pattes. Puis, j’arrive sur le plateau herbeux qui surplombe la bergerie d’Onda. Je decends sur un chemin entre rocailles et terre pour atteindre la bergerie. J’enchaine avec une montée rude qui serpente, je progresse sur de la terre battue, au loin j’aperçois le sommet de la Bocca Muratellu. La descente est aussi difficile, que vertigineuse. De nouveau un plateau verdoyant, il y a un ruisseau à proximité. Je passe la passerelle de Turtettu, enchainements de cascades et de vasques qui m’emmènent à la Cascade des Anglais. C'est magnifique. Je m’arrose régulièrement car il fait chaud.

Arrivée au col de Vizzavona, là une petite pause s’impose. C’est l’un des seuls endroits où le GR20 coupe un axe routier, et c’est l’intersection entre le Nord et le Sud du GR20. J’en profite pour remplir mes flasques d’eau. Elles étaient à sec. Il me reste encore un peu de chemin pour rejoindre le refuge de E-Capannelle. Je prends un sentier sur des lacets forestiers, bifurcation avec une ascension très raide pour rejoindre Bocca Palmente. Je passe devant les bergeries d'Alzera qui sont désertes. De nouveau passage de crêtes d'U Cardo et de Cludifo, je termine sur une route goudronnée puis bifurcation sur un raidillon pour atteindre le refuge de E-Capannelle.

Je suis épuisé et ma cheville me fait beaucoup souffrir. En arrivant, je m’adresse aux gardiens du refuge pour demander un sac de glaçons. Je ne supporte plus mes baskets. Quelques instants après je retrouve Aurélie qui est maintenant accompagnée depuis Vizzavona par une amie à elle. Elles se joignent à moi autour d’une canette de Coca Cola.

 

Étape 5 : E Capannelle - Matalza (39 km) pour 2310 m d+

5h du matin, je pars du refuge de E-Capanelle, ma cheville me fait encore souffrir mais il va falloir serrer les dents sur une des plus grandes étapes de mon périple. J’ai opté pour faire les plus longues étapes sur la partie sud normalement un peu plus roulante. Toutefois, entre la cheville, le genou, et mes 2 ampoules et ma fatigue accumulée, je n'ai pas le sentiment que c’est plus facile. J'emprunte un sentier de sous-bois qui est à flanc de montagne. Je traverse sur le petit pont d'E-Casaccie, je découvre une superbe cascade. Je franchis le cours d’eau de Marmanu, la sapinière du même nom que le cours d’eau pour atteindre Bocca di a Flasca à plus de 1400 m puis Bocca di Verde à 1289 m d’altitude. Arrivée au plateau de Bocca d'Oro, le refuge de Prati est proche. Il fait déjà très chaud. C’était mon premier objectif de la journée. La seconde partie est plus raide, je suis remontée à 2000 m d’altitude. Après plusieurs enchaînements de cols, j’arrive au refuge d'Uscioli. La chaleur est écrasante. Je fais une pause à l’ombre pendant quelques minutes pour essayer de faire tomber ma température corporelle, je ne supporte plus le soleil. Deuxième objectif atteint à plus de 14h30 de course et de marche mais la journée n’est pas finie. Il faut que j’atteigne ce soir le refuge de Matalza où j ai réservé une tente. J’arrive à Bocca di l'Usciolu, "l'arête des statuts" du nom lié à ses formes. Je traverse le magnifique plateau de Cuscionu. De nouveau une traversée de ruisseau, Veraculoncu, où je m’arrose la tête et je remplis mes flasques d’eau dernière la petite chapelle, j’emprunte le chemin qui mène au refuge de Matalza. Cette journée a été hyper éprouvante, mentalement très difficile, je viens de finir à 19h10. Cette journée a été longue, je vous avouerai que plusieurs fois j’ai pensé à abandonner. La chaleur a compliqué les choses en plus de mes différents maux. Le soleil a eu raison de moi. Je prends mon repas et je vais me coucher pour la dernière étape de demain pour atteindre Conca. Je suis rentré dans ma tente sans me changer, j’ai juste quitté mes baskets et je suis tombé directement au sol, mon sac à dos fait office d’oreiller, pas de sac de couchage. Tellement épuisé que je me suis endormi en quelques secondes. J’avais toutefois mis mon réveil à 2h00 du matin pour partir vite dans la fraîcheur de la nuit pour terminer cette ultime et dernière étape.

 

Étape 6 : Matalza - Conca (31 km) pour 1998 m d+

2h00 du matin, le réveil de ma montre sonne, à peine réveillé je mets mes baskets et je me lève pour débuter ma dernière journée sur le GR20. Comme la veille, je m’étais couché tout habillé suite à une étape difficile et longue, je pars les yeux collés, encore somnolent, départ à 2h05 du refuge de Matalza. Direction Bocca di Chiralba à travers des pozzines et une forêt d’hêtres dans un sous-bois dense où seulement mon faisceau éclaire le sentier. J’ai décidé de partir tôt, j’ai trop souffert de la chaleur hier. Je suis seul, concentré, mais encore fragilisé par mes “démons mentales” qui n’ont pas arrêtés d’agir sur moi lors de cette avant-dernière étape. À Bocca di Chiralba, le sentier monte progressivement au-dessus du vallon de Bassu Ritondu, je longe des buissons d’aulnes pour atteindre Bocca Stazzunara située à 2025 m d’altitude. Le soleil se lève vers le sommet du Monte Incudine, j’espère que la chaleur sera moins importante que la veille. J’arrive au refuge d’Asinau, j’en profite pour faire une petite pause, et manger une barre FastBreak, riche en énergie calorique. Après j’entame une descente au fond du vallon d’Asinau. Le panorama sur les Aiguilles de Bavella est splendide. Aujourd’hui, le ciel est voilé et la température est confortable pour courir. J’arrive à une intersection, soit je passe vers la variante Alpine, plus courte mais exigeante en terme de dénivelé positif comme négatif ou je me rallonge un peu en contournant les Aiguilles de Bavella par le bas par un sentier un peu plus roulant, me permettant de courir. Je décide donc de contourner cette magnifique montagne. Le paysage est magnifique. Arrivé au village de Bavella, je refais une pause pour m’alimenter et refaire le plein de mes flasques d’eau au niveau d’une fontaine. Je repars sur un sentier assez large, je continue à courir. Je quitte cette piste pour accéder à un single-track en lacets, assez raides jusqu’au refuge de Paliri. Un hélicoptère vient de se poser au sommet pour déposer des jeunes mariés. J’en profite pour faire une photo devant ce magnifique appareil. Ce refuge pour moi est très symbolique, c’est enfin le dernier refuge que je croiserai sur mon chemin. Je débute ma descente vers Conca. Encore 4h d’efforts et c’est terminé ! Je ressens une force énorme d’en finir rapidement, je cours malgré mes douleurs. Je suis obnubilé par le fait de réussir mon challenge et de pouvoir honorer mon engagement auprès de l’association que je défends et des nombreux malades atteints par la maladie de la Mucoviscidose. Le sentier est piégeux par de nombreuses racines et de rochers. J’avance vers la Bocca d’Usciolu à 1,5 km de Conca. J’aperçois des maisons, je commence à être pris par de multiples émotions, c’est le village de Conca. Je descends rapidement, je suis éprouvé, épuisé mais heureux d’avoir réalisé ce GR20. A la fin du chemin, je retrouve mon épouse, ma fille Amandine. Je m’effondre, envahie par des sensations de joies, de bonheurs, et de souffrances. Je l’ai fait ! Certes en 6 jours au lieu de 5 jours initialement prévu mais à cause de cette fâcheuse entorse, il était nécessaire d’avoir une journée de plus sinon peut-être que je n’aurais pas été au bout de cette incroyable aventure. Pour résumer ce GR20, comme beaucoup le disent la première partie, le nord, jusqu’à Vizzavona, c’est le PHYSIQUE, la deuxième partie, le sud, jusqu’à Conca, c’est le MENTAL.

 

Je tiens à remercier l’ensemble des personnes qui m’ont envoyé leur force par leur message sur les différents réseaux sociaux, mes partenaires, ma famille toujours là pour moi. Maintenant place à la récupération et aux vacances bien méritées !