Ultra Asia Race au Vietnam (Course à étapes)

Après une deuxième nuit agitée, j’étais positionné à côté de 2 italiens ronfleurs qui n’ont pas arrêté de la nuit. Nous avons dormi dans une pièce les uns à côté des autres sur une paillasse de 2 cm de hauteur donc presque directement au sol. Cependant, un oreiller était à notre disposition. Plutôt bien ! Le réveil était naturel, le chant du coq à 6h00 du matin.

Début des repas lyophilisés, au petit déjeuner ma première barre Fastbreak. Le départ est donné au village de Pa Co sous une brume à 8h30. Dès les premiers hectomètres un allemand du nom de Sacha prend les commandes en partant assez vite (4’10’’ au km), je le suis à une cinquantaine de mètres, l’idée de départ étant de rester au contact le plus longtemps possible. Au km 4, il prend une mauvaise direction, je l’interpelle et à ce moment-là, je passe devant. Sur environ 1,5 km le single-track est très technique, tout en montant sur des rochers hyper humides et glissants. Au km 5, je me retourne et avec ce brouillard intense, manque de visibilité entre 5 et 10m, je ne vois plus ce concurrent allemand et encore moins les autres poursuivants. J’arrive au km 11, premier ravitaillement en eau, tout se passe plutôt bien. Mais quelques minutes après, dans une descente caillouteuse et humide, je perds le balisage, je suis perdu, je remonte, je redescends, à gauche, à droite, rien. Et forcément le 2ème, Sacha revient sur moi. Je lui indique que je ne trouve pas la rubalise. On aperçoit un vietnamien, et à ma grande chance, Sacha parle anglais et arrive à se faire comprendre. Ce dernier nous indique le sens de la course. Nous repartons ensemble et je m’aperçois que Sacha descend mal, donc je décide de partir. Le parcours est splendide, traversée de rizières (les pieds dans l’eau), des allées de bambous géants. La température est chaude mais humide comme prévu. Au km 23, dans la traversée du village Pieng Vé, je me trompe une fois de plus, au cœur de ce village un match de football (très local). J’essaie de parler avec mon anglais, ou plutôt avec mes quelques mots d'anglais avec des villageois. Forcément ils ne comprennent rien. Je décide de faire demi tour et j’arrive à retrouver mon tracé. Je finis tranquillement en gérant mes efforts.

L'Ultra Bolivia Race est une course à pied de 230 km en 7 étapes avec 2400 m de dénivelé positif et en autosuffisance. Chaque concurrent doit porter son propre sac à dos contenant sa nourriture, ses équipements obligatoires et ses équipements personnels. La course se déroule sur le continent sud-américain, sur l'Altiplano bolivien. Les participants doivent suivre le parcours balisé par les organisateurs et les indications sur la carte donnée avant le départ. Il existe des points de contrôle situés à intervalles réguliers. Chaque soir, un bivouac est proposé par l'organisation. Un soutien technique et une équipe médicale sont présents durant toute la semaine.

Le départ de la course se déroule à Salinas, à 550 km au sud de La Paz. Cet ultra-trail à étapes ne représente pas beaucoup de dénivelé sur ces 7 étapes, cependant les coureurs seront entre 3000m et 5000m d'altitude au coeur de l'Altiplano sauvage. La plus grosse difficulté, c'est la dette en oxygène. 3 étapes se dérouleront sur le salar d'Uyuni, le plus grand désert de sel du monde. Passage par l'Isla del Pescado et l'Isla Incahuasi et leurs cactus géants. Des sensations uniques !

Informations : Décalage horaire avec la France : - 6 heures.

27 heures de vols en 3 escales pour l'aller (Paris Orly - Madrid en Espagne - Lima au Pérou - La Paz en Bolivie).

27 heures de vols en 4 escales pour le retour (Uyuni en Bolivie - La Paz en Bolivie - Lima au Pérou - Madrid en Espagne - Paris Orly).

Dès mon arrivée à l’aéroport de La Paz en Bolivie, situé à une altitude de 4060 m, je ressens déjà des essoufflements rien qu’à marcher. Durant les 4 jours précédant la course, chaque soir, je suis pris de maux de tête, de nausées et je ne me sens pas au top de ma forme. J’alterne visite de la ville, et repos à mon hôtel. Le soir, je me couche vers 19h30-20h, les 6 heures de décalage horaire en moins agit sur mon état physiologique. Cependant autour de 3h-4h du matin j’ai terminé ma nuit !

Le Samedi 22 Septembre, départ pour 6h de bus pour le village de Salinas, lieu d’hébergement dans une auberge typique et chaleureuse, ce sera également le lieu du départ de la course. Le lendemain, on entre dans le vif du sujet, contrôle médical, contrôle du matériel obligatoire, mais surtout des 7 jours de repas comprenant les 2000 calories / jour au minimum à porter dans son sac à dos (produits lyophilisés et énergétiques). Mon sac à dos est 6 kg où s’ajoute à cela les 2 litres d’eau obligatoire fournis par l’organisation. La tension monte, chaque concurrent s’observe, qui sera les principaux rivaux ?

• Etape 1 (33 km pour 500m D+ et 500m D-) - Lundi 24 Septembre.

Salinas - Salar de Coipasa.

Etape 3 - 35 km ou plutôt 40 km pour moi !!!

Comment appeler cette journée, « Le jour le plus long » ou symboliquement « Le guerrier au Vietnam », en restant soft, je choisis « une journée noire ». Après une nuit assez reposante, mais pluvieuse. Le départ est donné à 8h00 sous une brume intense étant donné que nous sommes au milieu des montagnes. Nouvelle stratégie ! Parti tranquillement avec le 2ème du scratch, Sascha Zipp, l’allemand.

Mon objectif est de rester avec lui jusqu’au CP 1 au 11ème km. Mais au passage d’un village au km 7, je me perds et je reviens vite sur mes pas pour retrouver mon chemin. À ma grande stupeur, mon ami Sascha n’est plus en visuel. J’accélère pour rapidement le rejoindre. Mais plus le temps passe et je n’arrive pas à le rattraper. Je suis toutefois un peu stressé. J’arrive au CP 2 au 15ème km et je demande à une signaleur si  Sascha est loin. A ma grande surprise je suis le premier à être arrivé à ce ravitaillement. Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé mais je suis soulagé. Malgré tout j’ai laissé quelques forces. La plus grosse difficulté de cette étape est le franchissement d’une montagne pendant 3 km dans une jungle intense et très humide et glissante. Gamelles assurées ! J’effectue l’ascension avec prudence. Acte 1 de mes péripéties du jour. Je double les 2 signaleurs qui devaient préparer une corde pour monter à un endroit au fort dénivelé et glissant. Dommage pour moi, je ne pourrais pas utiliser cette corde. Je continue et j’arrive à l’acte 2. À ce moment-là, je dépasse une rubalise et après plus rien ! Je continue à monter puis à descendre, à chercher plus loin, à remonter et j’entends Sascha qui arrive également au même endroit que moi. Ne parlant pas l’allemand, nous décidons de continuer à monter, une erreur qui engage notre responsabilité, à ce moment-là, nous avons pris des risques inconsidérable. Nous n’avons pas respecté les consignes d’avant course de l’organisation (qui n’est en rien responsable de ce choix que nous avons pris) ! Le chemin se rétrécit puis disparaît petit à petit. Acte 3, nous sommes perdus ! Nous avons traversé une jungle à la végétation dense, escaladé des roches, des glissades sur les fesses à ne rien maîtriser, on se coupe les mains, des épines, je tombe sur un rocher au niveau de la tempe, heureusement elle ne s’ouvre pas, je retombe sur un rocher au niveau de la cuisse. Le temps passe et nous retrouvons pas notre chemin. On commence à appeler à l’aide ! Au bout de 3h, Jérome l’organisateur nous retrouve épuisés et presque sans eau ! Avec mon ami Sascha nous décidons de continuer la  course sur le sentier balisé. Acte 4, il reste toutefois 13 km à finir !!! L’essentiel est de finir cette étape au bout de 9h30 de course !!! Je ne sais pas mon classement, je suis désolé mais ce soir je suis épuisé !

• Etape 4 (44 km pour 1500m D+ et 2000m D-) - Jeudi 28 Mars.